La genèse : just do it

Ce projet de création d’entreprise a donc été en partie enfanté par la liquidation judiciaire de mon ex-employeur. Comme pour toutes les situations déstabilisantes de la vie, ce n’est pas parce que l’on s’y est plus ou moins préparé que cela va de soi, et cette décision s’accompagne de son lot de questionnements, de peur(s), et de stress. Créer une entreprise n’est pas des plus simples (et je ne parle pas de l’aspect administratif de la chose), arriver à développer et pérenniser l’affaire encore moins.

Dans ce cas-là, me demanderez-vous, pourquoi ne pas rester dans la voie « royale » et « confortable » du salariat ? Tout simplement parce qu’au final ce n’est pas forcément plus simple ni plus sûr ni moins source d’inquiétudes.

Bien entendu, les conditions dépendent du métier, mais si je prends le mien, les places salariées sont rares et pas forcément intéressantes. La demande y étant beaucoup plus élevée que l’offre, on se retrouve sur un marché ultraconcurrentiel qui n’a rien à envier à l’environnement des entreprises. Obtenir le poste visé face à une armada de postulants au moins tout aussi qualifiés et compétents que vous s’apparente beaucoup à la lutte pour la captage d’un client. Oui, mais après, on est tranquille, me rétorquerez-vous. Et bien, non, pas forcément.

Ayant évolué dans l’environnement d’une TPE, en prise directe avec les clients, et aux premières loges de la génération du chiffre d’affaires, je peux vous assurer, et l’actualité le rappelle à intervalles réguliers, qu’être salarié n’est en rien un gage de stabilité et de confiance en un avenir idyllique où une cascade intarissable d’espèces sonnantes se déverserait sur le compte bancaire.

Dans ce cas-là, visez les moyennes et grandes entreprises, vous agacerez-vous (en tapotant du pied pour certains). Oui, mais non. Bien qu’étant à n’en pas douter un des plus vieux métiers du monde, la traduction reste une profession dont on ne veut globalement pas reconnaître la spécialité, et la spécificité [Je rappellerai juste que l’octroi d’un code métier propre (7430Z) est récent, et que la traduction était classée par l’INSEE avec le « petit secrétariat »], et qui reste malgré tout relativement déconsidérée. Bah oui, je « sais traduire » puisque je connais une langue étrangère…

Et la fonction publique ? Les organisations internationales ? Sécurité de l’emploi et ça paie bien ! Me reprendrez-vous triomphalement. Sauf que le public, même s’il peut sembler plus sécurisant que le privé ne recrute pas forcément et licencie également, enfin, procède à des non renouvellements de postes. Et, certes, la fonction publique internationale est des plus séduisantes sur le plan matériel et fiscal, mais toute médaille a son revers, et celui de cet environnement est d’être extrêmement normé. Ayant effectué un stage de traduction dans une organisation onusienne, je ne suis pas certaine que ma conception de la traduction s’accommode pleinement des contraintes spécifiques à ce terrain, que je comprends fort bien au demeurant.

D’accord d’accord, vous avez choisi de vous passer les chaînes du forçat, soupirez-vous, et maintenant ?

Maintenant ? Maintenant, on va s’efforcer de tirer le meilleur de l’expérience à venir, en essayant de mettre à profit les connaissances capitalisées en la matière au cours de cette première tranche de vie professionnelle et de ne pas tomber dans les erreurs et manquements constatés au cours de cette période (mener à l’extinction une entreprise saine étant le plus flagrant d’entre eux). Et faire en sorte de réutiliser ailleurs, autrement, ce qui a été appris et acquis si ce projet-ci ne va pas très loin.

Et puis, ce n’est pas si terrible que cela, il y  a des chefs d’entreprise qui restent en vie rappellent les assurances April sur leur site 😉